BALANEC
(Balaneg)
et son ledenez
Quelques détails...
Située entre Bannec à 2km et Molène à 2.5km, formée de quatre pointes et orientée sud-ouest / nord-est, Balanec (ou Balaneg) s'étend sur 750m, pour une largeur de 500m. Dans l’est de l’île, on peut remarquer d’énormes blocs de granite aux formes étranges et spectaculaires, sculptés par la nature, et formant parfois des abris sous roche. Des cordons de galets relient des roches à l'île principale et isolent un loc'h de 80m de diamètre (un lac d'eau saumâtre).
Balanec a une superficie de 16.5 hectares. Elle culmine au maximum à 8m de hauteur.
Balanec fait partie de la Réserve naturelle nationale d’Iroise (créée en 1992), gérée depuis octobre 2016 par l’Agence française pour la biodiversité / Parc naturel marin d’Iroise, en partenariat avec l’association Bretagne Vivante (anciennement SEPNB, qui en avait la charge depuis 1976). En raison des enjeux liés à la nidification des oiseaux marins et côtiers, l’île est interdite d’accès du 1er avril au 15 juillet. L’accès au lédénès de Balanec est quant à lui interdit toute l’année.
Situation de l'île :
Quelques photos...
Faites glisser les photos vers la gauche ou la droite.
Reproduction interdite
Un peu d'histoire...
- Le 2 Février 1904, un raz-de-marée dramatique frappa la pointe Bretagne. Comme dans les environs, l’île de Balaneg fut entièrement balayée par la mer et les terres agricoles rendues stériles par le sel pendant quatre ans. Le propriétaire exploitant de l'époque, Quéméneur, fut ruiné, son bateau fracassé sur les roches du port il fut ramené, avec ses domestiques, au Conquet par un pêcheur camaretois alerté par son signal de détresse... (Jean Maout)
- Vers 1947, un abbé acheta Balaneg (ainsi que TRIÉLEN) pour en faire des centres de rééducations de jeunes délinquants mais de bonne famille. Le projet de l'ecclésiastique était bien mal préparé... il promettait aux familles, moyennant une forte somme d'argent, d'en faire d' honnêtes hommes. Ils étaient encadrés par de jeunes éducateurs inexpérimentés qui démissionnaient les uns après les autres. "Tante Jeanne" (voir récit ci-contre) se souvient que beaucoup de jeunes qui tentaient de s'échapper à la nage, finissaient noyés dans les forts courants qui bordent l'archipel. Les adolescents étaient confrontés à une vie tellement rude que le Maire de Molène porta plainte. Le procès de l'abbé eut lieu en Janvier 1959, mais il fut relaxé. On estima en effet, qu'il y avait eu manquement de jugement, mais pas escroquerie...
Avant d’être achetée par le Conseil départemental du Finistère en 1972, puis classée en réserve naturelle en 1992, l'île de Balanec appartenait à une usine de goémon de la région de Ploudalmézeau (29). Elle embauchait des goémoniers et des saisonniers qu'elle envoyait sur les îles de l'archipel récolter pour son compte.
Sur l'île il y avait une ferme, que l'usine proposait (en location) à une famille pour s'y installer et ainsi s'occuper de la ferme et des terres. Les deux dernières familles à avoir vécu sur l'île sont les Bihannic et les Masson.
Jeanne Masson (fille de Paul Masson et de Joséphine Cuillandre les derniers fermiers de Balaneg) nous racontait sa vie sur l'île:
"nous avons habité neuf ans à Balaneg, jusqu'en 1947 je crois... car l'île avait été vendue à un curé qui voulait mettre en place son école de redressement pour les jeunes. Ca n'a jamais fonctionné et les jeunes se noyaient en essayant de s'échapper... 3 mois que ça a duré seulement... après ils ont rappelé mon père pour lui demander s'il voulait bien revenir, mais il a refusé, il venait juste de s'installer à Ouessant. Alors l'île a été vendue après à la réserve naturelle... j'ai plein de bons souvenirs... je me rappelle quand l'évêque est venu sur l'île dire une messe, il y avait 35 curés de plusieurs paroisses (de Plouguerneau, de Landéda, de Saint-Pabu tout çà..) et ton père* était là... il venait en vacances chez nous quand il n'était pas en pension à Quimper et ce jour là c'est lui qui a servi à la messe... Mon père a même porté l'évêque sur son dos pour sortir du canot (rires) ... sinon on a eu aussi le père blanc (Noël Masson) qui est venu dire la messe aussi... et les messes étaient dites dans la maison de pierre**
(...)Sinon, on faisait le goémon noir qu'on vendait à l'usine de Lampaul Plouarzel, on vendait des galets, on s'occupait de la ferme... on avait des vaches, des cochons, des moutons, des poules... on faisait de la betterave, de la pomme de terre, des légumes...
(...)À Molène on allait vendre notre beurre et on allait y chercher le pain toutes les semaines... mon père avait un bateau, et nous on le conduisait Pauline*** et moi (rires) on connaissait les alignements pour aller à Molène, on mettait l'église dans le sémaphore!... sinon, on louait à notre tour des parcelles de l'île pour des goémoniers saisonniers, qui faisaient sécher là leur goémon d'Avril à Septembre, et y en avait aussi à Bannec... ils payaient leur place comme on dit, ils venaient là avec leurs chevaux... Mes parents étaient très connus à Molène, et ils ont fait beaucoup de biens pour l'île pendant la guerre..."
Jeanne Masson nous a quitté en 2014 et vivait depuis à Gujan Mestras(33)
* Gilbert Cuillandre
** construite à même un rocher (aujourd'hui disparue)
*** la sœur de Jeanne
Journée de repos pour ces goémoniers de Balaneg à l'occasion du 14 Juillet
(photo: collection personnelle)
Informations pratiques
(image de fond : ©LM Tattevin)